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61 Rue Masséna

61 Rue Masséna
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3 mai 2009

la hantise de mon enfance

Depuis toujours, ma vie est placée sous le signe du changement, du mouvement, du dépaysement mais aussi, et surtout, de l'arrachement aux racines.
Originaires de familles du sud et sud-ouest de la France, mes parents ont établi leur couple dans les collines et montagnes du Massif Central.
Un peu moins d'un an plus tard, je m'arrachai au ventre de ma mère avec plusieurs mois d'avance, pour habiter un certain temps dans une petite boîte en verre où des tuyaux me maintenaient en vie.
Le jour de ma sortie de la clinique, mes parents emballaient leurs derniers cartons, pour intégrer un nouveau logement le lendemain.
La première maison dont je me souviens, qui est pour moi par essence la maison de mon enfance, nous a abrité sept ou huit ans. Elle est le théâtre de mes souvenirs les plus jeunes, les plus purs, et, ce qui est plus étonnant, les plus nets. Je serais capable de décrire des pièces entières de celle-ci, de rapporter des faits, des paroles, et ceci de façon bien plus nette que tous les souvenirs de ces dix dernières années. Après en avoir parlé avec mon frère, celui-ci me confirme qu'il en est de même pour lui!
Le premier déménagement a été terrible, il a été la découverte de ce sentiment d'arrachement, de "plus jamais", de "c'est la dernière fois que..." qui ne m'a plus quitté les années qui ont suivi. A ce déménagement en ont suivi de nombreux autres. Pourquoi? A l'époque, je ne me posais pas la question, les parents décidaient de tout, et ce n'est qu'aujourd'hui que je commence à comprendre les problèmes qui ont miné ma famille. Mais je les ai vécus de façon identique: les deux derniers mois, la boule dans le ventre au moment de m'endormir ne me quittait plus, je pleurais beaucoup en cachette; le jour, je m'emplissais tant que je pouvais des lieux, des gens, des impressions, j'amassais les "souvenirs": adresses, feuilles d'arbre, cheveux, et divers autres objets. J'ai en tête plusieurs souvenirs bien précis: nous devions partir à la fin de l'année scolaire, et moi, née en juillet, j'ai fêté mon anniversaire avec mes copines dans ces pièces vides et pleines d'échos, je revois encore le tas de serpentins et de confettis sur le parquet dénudé du salon... Et quelques jours après, au moment de partir, je me suis saisie de mon appareil photo jetable et ai photographié encore tout ce que je pouvais, ces pièces nues et solitaires, la cour désertée, pour voir encore, "une dernière fois", pour conserver, garder, ce que je ne pouvais retenir: les lieux, mais aussi le temps qui passe. Et c'était toujours les yeux pleins de larmes que je montais dans la voiture pleine pour partir pour la nouvelle maison.
Je ne sais pas vraiment comment mes frères, mon frère surtout, a vécu tout ça. Je n'ai pas le souvenir d'en avoir parlé avec lui. Et je ne sais pas non plus ce que nos parents pensaient de ça. Bien sûr, ça ne devait pas être une partie de plaisir de toujours déménager, mais les adultes voient les choses autrement et relativisent plus facilement. Je ne sais pas s'ils se rendaient compte à quel point ces séparations étaient pour moi difficiles, à quel point elles représentaient pour moi un arrachement. A un tel point que, plus de dix ans après, me remémorer ces souvenirs me reste assez pénible.
Il est cependant venu un moment où la situation s'est stabilisée. Mes parents ont acheté une maison, une grande baraque froide et sombre loin de tout, mais qui ne manque aujourd'hui pas de charme, après des années de rénovation. Devenue ado là-bas, les années se sont écoulées rapidement, je me suis mise avec un gars 100% du coin depuis x générations, j'y ai fait mes premières bêtises et fumé mes premiers joints, j'y ai découvert la musique et l'amour, j'y ai passé mon bac et mon permis... et c'est alors que la terrible expérience du déracinement a eu à nouveau lieu. Quelque part, j'ai ça dans les veines, comme je l'ai dit, je suis née sous ce signe, et cette fois c'est moi qui ai pris le sécateur et qui ai tout coupé. Quelques mois après avoir fini le lycée, je me suis inscrite à un programme d'échanges scolaires, et je suis partie pendant un an en Allemagne. Loin, où je ne connaissais personne ni la langue, et en quelques mois, tout a bouleversé ma vie. J'ai vécu un an d'une expérience fantastique, incroyable, épuisante, fascinante, bouleversante, naviguant d'une famille à l'autre, d'une langue à l'autre, d'un monde à l'autre, et cette période a changé ma vie pour toujours. J'y ai appris une nouvelle langue que j'aime de tout mon coeur, j'y ai trouvé l'homme de ma vie, j'y ai gagné plusieurs "familles" et une amie en or. En rentrant en France, je ne suis pas retournée dans le trou perdu. J'ai choisi  pour mes études une ville située à 700 kilomètres de ma ville natale, et depuis, je vois ma famille trois fois par an.
L'ironie du sort fait que mon conjoint est une personne qui n'a jamais connu un déménagement  durant les vingt premières années de sa vie, qui a toujours vécu dans la même belle et grande maison, dans le même quartier, qui a (!) les mêmes camarades de classe depuis son entrée à l'école (!!!) (une telle situation me semble impossible!!) ... et qui choisit de suivre une fille telle que moi!!!

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1 mai 2009

Le Rouge et le Noir, Stendahl

Le Rouge et le Noir, Stendahl

30 avril 2009

Retour

Avec mon Maxi, nous sommes partis quelques jours sur ce merveilleux petit coin de France qu'est l'île de Ré...
(Quand j'étais petite, je ne savais pas que c'était en France, je m'imaginais un Dom-Tom, ou encore une île égyptienne...)
(Mais ça n'a rien à voir avec ça.)
Six jours à vivre à l'aventure, à passer de camping en camping, au hasard de nos envies, à faire connaissance avec ces plages sauvages et couvertes d'algues, à renouer avec la mer, le ciel si bleu et si fort, le vent salé dans nos cheveux... J'ai retrouvé avec plaisir l'étroitesse de la tente, le bruit de la pluie sur la toile au dessus de nos têtes pendant la nuit, le repas boîte de conserve réchauffé tant bien que mal et mangé accroupis dans l'herbe, se coucher à 21 heures dès que le soleil s'en va, le bruit du vent et de la mer en permanence, le retour à la vie dehors, à ce qui est vrai!
Et qui dit retour au vrai ne dit pas que du tout beau tout rose: nous avons été coincé pendant 3 jours par la pluie, nous obligeant à bien calculer chacune de nos sorties, à vivre dans des chaussures mouillées! D'où un certain soulagement de retrouver notre confort de petit appartement d'étudiant...les yeux malgré tout pleins de cette beauté et de cette liberté, que nous allons retrouver cet été. Car oui, ivres de liberté et de nature, mais cependant toujours dans le besoin de manger et d'avoir de quoi vivre, nous y avons trouvé un emploi alimentaire pour deux mois cet été!!!

13 avril 2009

Partir!!

Un beau week-end de Pâques. Le soleil et le temps libre m'ont fait sortir de ma tanière, et, de fil en aiguille, j'ai passé presque trois jours dehors. Et plus je suis dehors, plus j'ai envie d'y rester. En me promenant à travers champs, hier, toutes ces étendues de vert frais (le blé qui pousse) m'ont fait penser à cette escapade tellement hors du commun, il y a deux ans: une semaine sur l'île de Rügen (Nord-est de l'Allemagne), et le sentiment de liberté lié à cette expérience. C'était la première fois que je faisais quelque chose de ce genre, et dès les premiers jours je me suis sentie ivre de cet espace, de ce vert, de cette mer, de ce silence. Se couper de tout, ne plus vivre que pour l'essentiel: avancer, faire son chemin, trouver de l'eau, trouver un endroit où dormir, faire à manger, dormir, et recommencer le lendemain. Et plus le printemps avance, plus je ressens le besoin de recommencer, de partir, de vivre dehors: tout y est plus plein et intense, nettoyé de tout le superflu de nos vies! Et plus le temps passe, plus je ressens la nécessité d'en faire un projet plus important dans ma vie, partir 3 ou 4 mois au printemps, à Compostelle, ou en Allemagne!

9 avril 2009

Régularité

J'aime bien le rythme de ma vie en ce moment. La fac est bloquée par les mouvements étudiants, nous n'avons donc pas de cours. Tous les jours, je me lève tôt, je suis à la BU à neuf heures le matin, je travaillle. Cet endroit y est vraiment propice, très calme, et l'ambiance et studieuse (ce qui m'aide beaucoup, chez moi je ne suis bonne à rien!). Ces dernières semaines, j'ai bouclé tous les devoirs qu'on nous demandait de faire, et j'ai un sentiment agréable du travail accompli, j'ai un résultat devant mes yeux, toutes ces pages Word patiemment  conçues, structurées et rédigées, puis envoyées. Et je me plaît vraiment dans cette régularité de travail; j'y ai comme depuis longtemps la rassurante confirmation que celui-ci est nécessaire à mon équilibre, et c'est pourquoi j'en viens même à redouter les vacances. Les vacances, en tant qu'étudiant, n'ont rien à voir avec les vacances que l'on avait au lycée ou au collège. A l'université, on a presque cinq mois de vacances d'été (pour peu que les examens aient lieu tôt et que l'on ne doive pas passer au rattrapage), et on se retrouve ainsi devant cinq longs mois, qui, quand on s'y prend mal, peuvent s'avérer être très frustrants. Cela peut sembler vraiment bizarre, de se plaindre d'avoir trop de vacances; mais je sais que l'année dernière, bien que j'étais très heureuse de pouvoir en profiter pour repartir en Allemagne et y passer du bon temps, je me sentais frustrée, coupable, de ne pas avoir trouvé de travail pour arrondir les fins de mois de l'année à venir, je me sentais souvent désœuvrée, bonne à rien, utile à rien sur cette terre... C'est un sentiment de culpabilité, de devoir, qui me poursuit en permanence, et j'ai du mal à m'en débarrasser. Je serais très heureuse si ma recherche de travail aboutissait à quelque chose, cette année, comme ce travail en Suisse qui m'intéresserait vraiment (travailler à l'accueil d'un camping où la majorité des clients parlent non pas allemand mais...suisse-allemand, aïe aïe!!). Depuis que je ne vis plus chez mes parents, j'avais l'impression que je m'en sortais très bien et que je n'avais pas de problèmes à "devenir adulte", mais je remarque que le chemin est encore long et que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre, notamment le rapport à l'argent et le sentiment de culpabilité, de responsabilité, de devoir.
Hier, j'ai eu le plaisir de recevoir un coup de fil de ma mère, et, malgré les coupures insupportables de son téléphone, nous avons parlé de tous ces sujets qui nous tenaient toutes les deux à coeur en ce moment. Elle m'a fait la remarque que je traversais sûrement une phase de mise à l'épreuve, en ce moment, que mon comportement de me crisper sur des problèmes d'argent (sommes non rendues par des amis, absence de remboursement par ma mutuelle) ne pouvait que maintenir ces problèmes et que c'est au moment où je lâcherai prise que ces situations se règleront d'elles-même. Mouaais. J'attends de voir; mais en même temps ça m'a fait du bien d'en parler parce que j'ai souvent l'impression d'être seule face à ces problèmes, et cela me fait du bien d'entendre des choses comme ça,on va dire que je déculpabilise de lâcher prise! Je pense cependant que la période entre 18 et 25 ans est une période où chacun apprend beaucoup, voire même l'essentiel de ce qui constitue la vie, et pour l'instant je n'en suis encore qu'au stade débutant. Je trouve que la vie sait bien nous mettre à l'épreuve, voire tester notre motivation: je le constate par rapport à mon projet d'apprendre la langue des signes dans un but professionnel; depuis je suis rentrée en France, je bute constamment sur des problèmes, des situations qui m'empêchent de réaliser ce projet. Le problème est aujourd'hui que la fac risque sûrement de repousser mes examens, ce qui m'empêche de faire ma première semaine de stage intensif LSF, et je me demande si j'y arriverai un jour...
Qu'est-ce que je me sens bien, ici, à écrire, mes doigts ont constamment quelque chose à dire; j'ai l'impression que je pourrais écrire jusqu'au bout de la matinée comme ça... Je crois que c'est quelque chose que je ferais si j'ai des semaines de libre "à remplir" en mai et juin, cette fameuse période de passage à vide: je viens ici et j'écris, peut-être l'occasion de commencer enfin un projet littéraire qui pour l'instant n'est resté qu'une idée...

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8 avril 2009

Liste 1

Lire: quoi, qui? Mais surtout quand, où comment?

- dans son lit (normal)
- dans le bus (métro, car, train, etc.)
- en marchant (casse-gueule)
- en se brossant les dents!
- en attendant que l'ordinateur se mette en marche
- en attendant que l'eau du thé se mette à bouillir
- en faisant la cuisine
- en cours, le livre sur les genoux
- en luttant contre le sommeil
- en prenant un bain de soleil
- en faisant un massage à Maxi.
- sous la tente en attendant que la pluie s'arrête
- à la plage
- dans son bain (ne m'est pas arrivé depuis bien longtemps, ma maisonnette d'étudiante n'en a pas)
- à la lueur d'une bougie
- en voiture le soir, en luttant contre la nuit qui tombe (j'y ai perdu plusieurs dioptries!)
- en prenant son petit déjeuner/déjeuner/dîner

...

Et vous?

8 avril 2009

Les hommes

Dans ces bras-là, Camille Laurens

6 avril 2009

Le triomphe de la vie

Le docteur Pascal, Emile Zola

5 avril 2009

Pourquoi?

Je passe beaucoup de temps sur certains blog en ce moment (en particulier celui-ci), et je remarque que, de plus en plus, je suis attirée par ce que les gens racontent de leur passé. Bien que j'aime les anecdotes de la vie quotidienne, au jour le jour, "aujourd'hui je me suis beurré des tartines et le soleil brille" [modifiable à souhait selon le petit déjeuner et le temps qu'il fait], j'ai un penchant bien plus marqué pour les récits qui contiennent des énoncés tels que "quand j'étais étudiant(e)/lycéen(ne)/collégien(ne)...[ajouter ici un statut quel qu'il soit]".

Quand je lis (c'est souvent), une pensée me revient de plus en plus fréquemment: pourquoi, si le livre est bien, si l'histoire me plaît, si j'ai l'impression que c'est exactement de ça dont j'aimerais parler...pourquoi je ne l'écris pas???

2 avril 2009

Le palais de la lune

Moon Palace, Paul Auster

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